Bien souvent, nous nous retrouvons à occuper un emploi où les tâches et les responsabilités que nous exerçons finissent par ne plus tout à fait nous convenir. C’est dans ce contexte délicat d’insatisfaction professionnelle grandissante que la pratique du zen peut nous aider à apprécier davantage ce que nous faisons déjà en attendant de faire ce que nous aimons vraiment.

Le zen consiste en une « culture d’une conscience du sacré dans les gestes simples de la vie quotidienne » (Losier, 2007). Il représente un puissant outil de connaissance de soi qui nous aide à clarifier la vision que nous avons de nous-mêmes (Toula-Breysse, 2010). Ainsi, le terme « zen » signifie « méditation », et c’est au Japon qu’il s’est le plus enraciné. Méditer, oui, mais en restant bien ancré dans le réel et le concret afin de comprendre de manière plus intuitive ce qui nous entoure et comment nous fonctionnons, car « seule la connaissance de soi permet de trouver la paix intérieure » (Toula-Breysse, 2010).

Selon le zen, l’impérieuse nécessité de se défaire des désirs allège l’existence, tandis que les pensées égarent et que les émotions aveuglent. L’agitation mentale est source de souffrance et d’emprisonnement; se laisser submerger dans un océan de sentiments, de convoitises et d’aversions empêche de voir les choses comme elles sont. Regarder la réalité sans chercher le vrai est essentiel (Toula-Breysse, 2010). Pour cela, il faut cesser de chérir des opinions.

La posture zen illustre ce fait ainsi : « Deux moines observent une bannière flotter au vent. Pour l’un, c’est le vent qui la met en mouvement. Pour l’autre, c’est le drapeau lui-même qui se meut. Pour leur maitre, c’est leur esprit qui produit le mouvement réel. Il n’y a donc rien de systématique dans le zen. » (Toula-Breysse, 2010).

Le zen invite donc le conseiller d’orientation à faire preuve de créativité et d’audace en contexte d’intervention auprès de son client. En voici quelques exemples :

Utiliser la technique des très courts poèmes japonais, les haïkus. Ces derniers ont pour objet de capter en trois lignes la réalité du moment. Sobre et simple, le haïku exprime les émotions ressenties et incarne une forme de méditation. Il permet « la prise de conscience et l’expression de l’ici et maintenant » (Chidiac et Obégi, 2003). Sa grande simplicité, en apparence, favorise la clarification de la pensée. Comme le résument si bien Chidiac et Obégi (2003) à son sujet : « trois vers suffisent à faire naître ou taire une émotion; trois vers suffisent à résumer une vie blessée et en faire éclore une nouvelle ». En voici un exemple typique :

 

Un vieil étang

Où plonge une grenouille

Plouf!

 

Le kōan consiste en une question à laquelle il faut répondre et qui offre alors l’occasion de découvrir ce qui en est, au-delà même des mots et des restrictions du langage (Losier, 2007). Il s’agit de surprendre, non pas tant pour révéler l’absurdité ou le vide de toute pensée, mais surtout pour bousculer l’esprit (Kim, 2011), et pour laisser jaillir l’intuition en amenant à reconsidérer son point de vue, par exemple, à l’égard de sa situation d’impasse professionnelle. Le kōan est une sorte de courte phrase énigmatique qui s’immisce peu à peu dans l’esprit jusqu’à l’apparition d’une prise de conscience ou d’une évidence (Losier, 2007; Kim, 2011) : « Jour après jour, c’est un bon jour », « Non anxieux ici, non anxieux toute la vie ».

Des contes zen, il en existe de magnifiques, comme ceux d’Henri Brunel (2002, cité par Losier, 2007). Dans la mesure où la métaphore et la personnification sont des figures de style très fréquentes dans ces contes, il s’agit alors de reconsidérer ses difficultés professionnelles sous un jour nouveau.

L’utilisation de différentes formes du tarot représente une autre manière, complémentaire, de reconsidérer les différents aspects de sa situation pour trouver de nouvelles issues possibles. Ainsi, le tarot psychologique, animalier ou zen d’Osho représente un intéressant support d’analyse (Losier, 2007), abordant des sujets comme le changement, l’introspection, la confiance, le lâcher-prise, l’éveil, la douleur ou l’attachement au passé, autant de thèmes qui sont liés à l’orientation professionnelle.

Enfin, les mandalas représentent une autre forme de pratique zen ou de méditation (Losier, 2007). Ils consistent en des illustrations à colorier qui peuvent être regroupées par thème (on les trouve d’ailleurs aujourd’hui aisément en librairie). Des paroles peuvent servir de méditation guidée durant le coloriage. En orientation professionnelle, ils peuvent, là encore, offrir un support d’échange intéressant entre le client et son conseiller.

 

Références

  • Brunel, H., Blanc, D. (2002). Les plus beaux contes zen. Frémeaux et associés.
  • Chidiac-Obégi, N. (2003). « Éloge du Haiku » (à propos d’un atelier d’écriture). Annales médico-psychologiques, revue psychiatrique (Vol. 161, No. 7, pp. 528-531). Elsevier Masson.
  • Kim, S. (2011). « Démystification du signe et destruction du sens dans le kōan zen ». Protée, 39(2), 55-63.
  • Toula-Breysse, J. L. (2010). Le zen. Glossaire. Que sais-je?2, 124-125.