« Si seulement la vie était plus comme le gym! » soupira Tom. Entre sa job comme entraineur et son propre programme intensif, Tom passait jusqu’à 30 heures par semaine au gym. Tant qu’il soulevait des poids ou qu’il aidait quelqu’un à atteindre ses objectifs d’entrainement, il se sentait heureux. Sorti du gym, ça allait moins bien. Il vivait souvent des périodes de déprime qu’il ne s’expliquait pas. Il se sentait perdu. Il ne savait pas trop où s’en aller dans sa vie. Ça le rendait souvent anxieux et le poussait à éviter des situations sociales, ou il n’osait plus appeler sa famille au téléphone, de peur qu’ils ne lui posent des questions sur ses plans d’avenir.

Comme je ne suis pas un fan de gym, j’étais heureux qu’il puisse me partager son expérience et ses connaissances. Alors, je lui ai demandé ce qu’il ferait si quelqu’un venait le voir et lui demandait quoi faire pour être en meilleure santé.

« Meilleure santé ? », répondit-il. « Avant de pouvoir l’aider, j’aurais besoin de savoir ce qu’il veut dire par meilleure santé — développer son endurance ? Perdre du poids ? Gagner du muscle ? Tout le monde dit qu’il veut être en meilleure santé. Mais en fait, ça peut vouloir dire des choses bien différentes. Ma job, c’est comprendre ce qu’ils veulent vraiment afin de pouvoir développer un programme adapté. »

Ça a bien de l’allure. Vous devez savoir où ils veulent se rendre, et ensuite vous pouvez leur proposer un plan adapté, pas vrai ?

« J’aurais aussi besoin de comprendre d’où ils partent avant de pouvoir faire un plan. Si je ne connais pas leur niveau de forme de départ, comment pourrions-nous faire un plan pour l’améliorer ? »

Je hochai la tête. Pour faire un plan, on a besoin de savoir où on est et où on veut se rendre. C’est simple.

« Pas si simple” dit-il. « On peut pas juste se focaliser sur le but final, surtout si c’est pas une affaire qu’on peut cocher sur une liste. Par exemple, si quelqu’un veut être plus en forme, c’est toujours possible d’être encore plus en forme. On a besoin de buts intermédiaires, des petits pas qui indiquent que l’on avance dans la bonne direction ».

Je souris. Tom était à son affaire.

« Mais, à mon avis, le rôle le plus important d’un entraineur est d’aider chaque personne à identifier les obstacles qui peuvent se tenir sur la route et les empêcher de mettre leur plan en œuvre. Certains de ces obstacles sont des choses extérieures, par exemple combien de temps ils ont chaque semaine pour venir au gym et quels autres engagements ils ont. Mais j’aime aussi leur poser des questions sur leurs pensées, en particulier celles qui pourraient les inciter à abandonner l’entrainement ou à sauter une session. C’est incroyable comment les gens laissent leurs pensées saboter leurs objectifs ».

Tom s’animait visiblement à mesure qu’il me décrivait tout ce processus, et j’en apprenais beaucoup à l’écouter. Et puis c’était inspirant de voir que les quatre étapes qu’il m’avait décrites étaient similaires à ce que nous avions à faire ensemble en thérapie. Nous allions devoir comprendre où il voulait s’en aller dans vie, incluant possiblement comment il voudrait que ses relations soient, et les choses qui comptent vraiment pour lui. Nous aurons aussi besoin d’observer où il en est présentement, plutôt qu’où il en était dans le passé, ou encore là où sa tête lui dit qu’il devrait être. Juste là où il en est en ce moment même. Il prit une inspiration et regarda autour de lui pour observer tout cela. La troisième étape sera d’identifier des pas qu’il pourrait prendre au cours de la prochaine semaine pour l’aider à s’approcher des choses qui comptent le plus dans sa vie. Enfin, nous nous sommes accordés pour dire qu’il lui serait utile d’observer les pensées et émotions qui pourraient se présenter et le faire dévier de son plan, ainsi que ce qu’il a tendance à faire quand ces pensées et ressentis se mettent à faire beaucoup de bruit. Et comme au gym, il n’aurait pas besoin de trouver un moyen de se débarrasser de ses pensées, juste d’apprendre à les observer et se recentrer sur ce qui l’emmènera là où il veut aller.

Tom sourit : « Finalement, peut-être que la vie c’est pas mal plus comme le gym que je ne le pensais. Allons-y, on est capable ! »

 

Ben Sedley vit en Nouvelle Zélande. Il est l’auteur de Stuff that Sucks: A Teen’s Guide to Accepting What You Can’t Change and Committing to What You Can, le meilleur livre ACT jamais écrit pour les ados. Un livre que les ados peuvent vraiment lire. Il est psychologue clinicien et pratique la thérpaie d’acceptation et d’engagement (ACT) depuis plus de 15 ans avec les ados et les adultes. Il est le père de trois enfants merveilleux et bruyants et adore Les Ramones et The Clash. Vous pouvez le joindre www.facebook.com/stuff.ts ou sur www.bensedley.com.