Qu’est-ce qui vous empêche de dormir ?
Qui n’a pas déjà vécu ça ? Il est 3 heures du matin. Tu es brulé, mais ton esprit ne te laisse pas dormir. Comme un chien qui gruge bruyamment son os, il passe et repasse les mêmes questions en boucle. Eh bien, le professeur Ben Fletcher et son équipe ont cherché à identifier les questions qui nous gardent éveillés. Voici les plus fréquentes :
- Qu’est-ce que je veux?
- Est-ce que je fais la bonne chose?
- Qu’est-ce que les autres pensent de moi?
- Où est-ce que je m’en vais dans ma vie?
- Pourquoi est-ce que je fais ce que je fais?
Comme ces mêmes questions ont de bonnes chances de t’empêcher de dormir, je vais écrire un billet pour chacune. Une fois terminé, je réunirai tous ces textes ici.
Pourquoi est-ce que je fais ce que je fais?
Cette question est la plus retorse. Quand ta tête te la pose à 3 heures du matin, c’est rarement pour te féliciter de ce que tu fais.
En regardant d’où vient cette question, il n’est pas étonnant qu’elle puisse si facilement te tourmenter. Te souviens-tu des premières fois où tu as eu à répondre à la question : Pourquoi t’as fait ça? Si tu es comme moi (et comme la grande majorité des enfants), ce n’était surement pas quand tu t’étais bien conduit. Il y a bien plus de chances que cette question t’a été posée par les géants autour desquels tu as grandi quand ils jugeaient que tu avais mal agi.
Pour un enfant pris en faute, c’est quoi une « bonne » réponse à la question : Pourquoi t’as fait ça ? Surement pas la réponse scientifiquement exacte. Il y a plus de chances que la « bonne » réponse ait été celle qui te permettait de ne pas te faire chicaner ou punir.
À force d’entendre cette question, ta tête elle-même s’est mise à te la poser : Pourquoi t’as fait ça ? Plus tard ça devient : Pourquoi est-ce que je fais ce que je fais ? Comme par le passé, il y a de bonnes chances pour que ta tête te pose cette question quand elle juge que tu as mal agi. Sauf que maintenant, tu as un problème. Comment trouver la réponse à cette question qui te permettra d’échapper au blâme ? Ta tête écoute tout ce que tu penses (tout ce qu’elle pense, pour être précis). Elle voit bien quand tu cherches (quand elle cherche, pour être précis) une réponse qui t’innocenterait.
Autant dire que tu n’as aucune chance d’échapper à la condamnation. Ta tête ne se satisfera d’aucune autre réponse que quelque chose du genre : Parce que je suis fondamentalement pas correct. Tu n’y peux rien. C’est ainsi que cette question a été programmée en toi. C’est ainsi qu’elle continuera à s’activer.
Que faire alors ? Les pratiques de pleine conscience peuvent te venir en aide et te permettre de reconnaitre quand s’active le « singe de ton esprit. » Quand cette question s’active, reconnais-là pour ce qu’elle est. Une tentative de te blâmer qui se déguise grossièrement en volonté de comprendre. Accueille-là avec bienveillance. Après tout, tu n’as pas plus de chance de la faire taire. Souviens-toi de là où elle veut t’emmener (elle veut te coller l’étiquette « pas correct »). Et refuse d’embarquer pour un tour de manège.
Au début, tu te laisseras encore entrainer. Mais avec un peu de pratique, tu observeras qu’il devient de plus en plus facile de laisser ta tête te poser toutes les questions qu’elle veut, et que toi tu pourras simplement l’observer faire, sans embarquer. Ton sommeil ne pourra que s’améliorer.