Qui n’a pas déjà vécu ça? Il est 3 heures du matin. Tu es brulé, mais ton esprit ne te laisse pas dormir. Comme un chien qui gruge bruyamment son os, il passe et repasse les mêmes questions en boucle. Et bien, le professeur Ben Fletcher et son équipe ont cherché à identifier ces questions qui nous gardent éveillés.
Voici les plus fréquentes :
- Qu’est-ce que je veux?
- Est-ce que je fais la bonne chose ?
- Qu’est-ce que les autres pensent de moi ?
- Où est-ce que je m’en vais dans ma vie ?
- Pourquoi est-ce que je fais ce que je fais?
Comme ces mêmes questions ont de bonnes chances de t’empêcher de dormir, je vais écrire un billet pour chacune. Une fois terminé, je réunirai tous ces textes réunis.
Qu’est-ce que les autres pensent de moi ?
Qu’est-ce que les autres pensent de toi? Si ta tête te pose cette question au point de t’empêcher de dormir, il y a de bonnes chances que les réponses qu’elle t’offre soient de qualité, disons, discutable. Pourquoi ? Eh bien c’est ce que nous allons regarder.
Nous, les humains, sommes plus proches de certains insectes, comme les abeilles, que de tous les autres mammifères. Je ne fais pas référence ici à ta tante Jeanne qui est toute mielleuse, mais au fait que tout ce que nous faisons, utilisons et mangeons dépend du travail de milliers ou de centaines de milliers d’autres humains, vivants ou morts. Regarde nos gratte-ciels, la seule chose qui leur ressemble chez les animaux, c’est les gigantesques termitières que des légions de fourmis construisent dans les déserts australiens. Enfin bon, tout ça pour dire que, dans le fond, tu es un insecte social. Sauf que tu es un mammifère doté d’un gros cerveau qui, comme tu le sais, n’arrête pas de te parler et te poser des questions.
Et ton gros cerveau qui n’arrête pas de parler, il se préoccupe, c’est bien normal, de ta position sociale, et donc de ce que les autres termites à gros cerveaux pensent de toi. Car, raisonne-t-il, ce qu’ils pensent de toi dépend de ta bonne intégration dans la ruche, la fourmilière ou la termitière. Mais, vois-tu, quand ton cerveau se demande ce que les autres pensent de toi, eh bien, il ne se demande pas ce que tu penses des autres. En d’autres termes, il se préoccupe plus de toi que des autres. Et crois-le ou pas, il en est de même des cerveaux de toutes les autres abeilles de la ruche.
Donc, une première réponse à la question, c’est qu’en fait les autres ne pensent pas à toi tant que ça. Je sais, ça peut donner un coup à l’amour propre, mais les cerveaux des autres se préoccupent surtout d’eux-mêmes.
Un autre aspect de la question nait de la nature comparative et évaluative de nos esprits. Cette capacité à évaluer et comparer est bien utile quand il s’agit d’évaluer combien de farine et de sucre mettre dans ta recette de crêpes et si elles goûtent meilleur que la dernière fois. L’appliquer à toi-même, par contre, ça fonctionne beaucoup moins bien. La raison en est que ta tête va immanquablement comparer ton intérieur, qui comme une chambre d’ado est rarement propre et bien rangé, à l’extérieur des autres qui, comme le salon de ta tante Jeanne, semble toujours resplendissant et où chaque objet est à sa place. Ta tête a une forte tendance à oublier qu’elle seule a la clé de ton intérieur. Elle va donc te dire que les autres pensent que chez toi, c’est le bordel. Pourtant, ils ne voient que ton extérieur que tu passes probablement du temps à laver, coiffer, habiller et peut-être même maquiller.
Le fait que les autres n’ont accès qu’à ton extérieur ne veut pas dire qu’ils s’arrêtent nécessairement à ton apparence. Ils peuvent aussi observer ce que tu fais avec ta bouche, tes jambes, bras, mains et avec le reste de ton corps. Et ce qu’ils pensent de toi, quand par hasard ils cessent de penser à eux-mêmes et à ce que les autres pensent d’eux, se base sur tes actions. Alors, si vraiment tu es préoccupé.e par ce qu’ils pensent de toi, agis comme la personne que tu veux être et il y a de bonnes chances qu’ils pensent que tu es cette personne. La bonne nouvelle, c’est que tu deviendras en plus cette personne que tu veux être, non seulement aux yeux des autres, mais, plus important encore, à tes propres yeux !