Il y a dix ans, je me formais aux thérapies comportementales et cognitives. J’avais un intérêt pour la pleine conscience. Quand ma vie était chaotique, en 1994, une amie parisienne m’avait accompagné dans un dojo Zen au fond d’une petite rue sombre. Là, dans une salle mal éclairée de la rue Keller, j’ai découvert la méditation. Bien que je n’aie médité que de manière intermittente au cours des années qui ont suivi, c’est une des rares choses qui m’avaient vraiment aidé. Toutefois, et malgré de nombreuses tentatives, je n’avais jamais réussi à méditer quotidiennement pour plus d’une semaine d’affilée. La pleine conscience m’avait aidé, et les données de recherches commençaient à suggérer qu’elle pourrait être bénéfique pour d’autres. Bien qu’intéressé par la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience, j’avais du mal à envisager de prescrire à mes clients ce que moi-même j’étais incapable de faire : méditer chaque jour.

 

Puis, en février 2007, alors que j’étais engagé dans un débat en ligne au sein d’ un groupe de discussion à propos de la pleine conscience, je reçus un courriel privé d’un certain Steven Hayes (fondateur de l’ACT). Il me remerciait pour un message dans lequel je soutenais ses positions concernant le besoin d’étudier scientifiquement les processus de pleine conscience. Ce que Steve ne savait pas, c’est que quelques jours plus tôt, à la lecture de son article « ACT and Third wave of Behavior Therapy », il était instantanément devenu un de mes héros en psychologie clinique.

 

Aussi excité que si Neil Young en personne m’avait écrit, je répondis et Steve m’invita à participer à l’atelier qu’il donnait au congrès mondial de TCC à Barcelone en juillet 2007. Je m’inscrivis aussitôt ainsi qu’à l’ACT Summer Institute qui se tenait à Houston dans la foulée du congrès de Barcelone. Dans un de ses courriels, Steve avait écrit: “Rejoins-nous ça va être le fun! »

Dix ans plus tard, ayant fait de l’ACT et de l’ACBS mon foyer thérapeutique et scientifique, je peux dire que Steve n’avait pas menti. Ça a vraiment été le fun! Travailler pour aider les gens à pouvoir plus facilement choisir de faire ce qui est important pour eux, c’est vraiment le fun! Un fun chargé d’un sens profond. Si profond que mon cœur parfois s’y brise un peu. Le plus beau cadeau a été de découvrir que la manière la plus efficace de faire cela est de pratiquer choisir de faire ce qui est important pour moi, même en présence d’obstacles. Ça aussi, ça a été le fun. Et là encore, un fun chargé d’un sens profond, même si douloureux par moments. En chemin, j’ai eu à croiser certains de mes démons, leur offrir une tasse de thé et les inviter à m’accompagner. J’ai découvert que, quelle que soit leur capacité à me secouer de l’intérieur, ils ne pouvaient pas me forcer à faire ce qu’ils m’ordonnaient de faire. Avec le temps, on dirait qu’ils sont devenus un peu plus amicaux, même s’ils continuent à me tordre les entrailles de temps à autre, surtout le patron de tous mes démons : la peur du rejet.

 

Du fond du cœur, merci Steve Hayes pour m’avoir offert le cadeau de l’ACT. Et merci aux centaines d’âmes sœurs dans les communautés cliniques et scientifiques de l’ACT et de l’ACBS. Rien n’a plus de sens dans ma vie professionnelle et personnelle que ce que nous faisons tous ensemble. Notre travail est au service de la transformation et d’aider les singes intelligents que nous sommes à avancer en direction de la transformation et de la réalisation de notre plein potentiel.

Au fait, pour la première fois de ma vie, voici près de trois mois que je cultive une pratique de méditation quotidienne.